#30 - Anaïs Georgelin - prendre un congé maternité en tant que cheffe d'entreprise de la théorie à la pratique
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[00:00:00] Solène: Bienvenue dans Grossesse d'entrepreneuse, le premier podcast consacré aux stratégies entrepreneuriales lorsqu'on devient mère. Dans ce podcast, vous allez découvrir à chaque épisode l'histoire d'une entrepreneuse qui nous partage comment ça ou ses grossesses ont impacté son entreprise. Mon intention en faisant circuler ces retours d'expérience, tous aussi différents qu'inspirants, est de vous permettre de faire des choix éclairés afin que la grossesse soit synonyme d'opportunité pour votre business.
[00:00:35] Solène: Je suis Solène Pignet, votre hôte, moi-même chef d'entreprise depuis 2014 et autrice du guide de l'entrepreneur durable publié aux éditions Dunod que j'ai justement écrit pendant ma première grossesse. D'ailleurs, pour en savoir plus sur mon histoire et la genèse de ce podcast, Ainsi que ce qui m'a poussée à créer la préparation business à la grossesse, je vous invite à écouter l'épisode [00:01:00] 0.
[00:01:00] Solène: Je suis convaincue que la maternité peut être une force positive dans le développement de son activité, même quand tout ne se passe pas comme prévu, et c'est ce que je vous invite à explorer au fil des épisodes. Dans cet épisode, je vous invite à découvrir l'histoire d'Anaïs Georgelin, fondatrice de So Many Ways, qui aide les entreprises sur les thématiques de l'engagement des collaborateurs et du sens au travail.
[00:01:27] Solène: Cette start-up RH compte une vingtaine de collaborateurs qu'Anneïs dirige avec son associé. Lorsqu'elle tombe enceinte, elle organise son départ en congé maternité, qui ne se passera pas tout à fait comme prévu. En effet, comme 72% des entrepreneuses d'après une étude STELO IFOP 2023, elle n'a pas pu arrêter totalement de travailler pendant toute la durée de son congé maternité.
[00:01:52] Solène: Dans cet épisode, nous explorons les différences entre la théorie et la pratique du congé maths des chefs d'entreprise. Et si la [00:02:00] flexibilité était le maître mot de la maternité comme de l'entrepreneuriat ? Je vous laisse découvrir cela sans plus tarder grâce à ce témoignage inspirant. Bonne écoute ! Merci beaucoup Anaïs d'avoir accepté mon invitation à partager ton retour d'expérience dans le podcast.
[00:02:15] Solène: Je suis ravie de t'accueillir.
[00:02:17] Anaïs: De même, merci de ton invitation.
[00:02:19] Solène: Alors ce que je voulais te proposer pour démarrer notre interview et avant qu'on parle de ton activité d'entrepreneuse et donc la grossesse que tu vas nous raconter, je voulais savoir en fait déjà toi dans quel contexte familial tu as grandi et comment tu te projetais quand tu étais enfant, ado, par rapport à l'équilibre entre la vie familiale ou professionnelle, est-ce que c'était une question que tu te posais à l'époque ou
[00:02:46] Anaïs: pas du tout?
[00:02:47] Anaïs: C'est une bonne question. Je ne suis pas sûre que je me la sois tant que ça posée. Moi, j'ai grandi, donc j'ai une petite sœur qui a trois ans de moins que moi. J'ai grandi à Creil, donc à 50 kilomètres au nord de Paris, enfin aux alentours [00:03:00] de Creil. Et j'ai un papa qui travaillait beaucoup, qui était assez absent, qui rentrait tard le soir.
[00:03:09] Anaïs: Une maman qui travaillait aussi. Donc nous, on a grandi chez la nounou, beaucoup, une super nounou. Elle nous récupérait, je ne sais pas très bien, je pense faire 19h, 18h30, 19h le soir, tu vois. Malgré ça, moi, je les trouvais toujours très présentes. Quand on était gamines, elle avait pris ses mercredis un temps.
[00:03:27] Anaïs: Donc j'ai grandi dans ce contexte-là. Mes parents se sont séparés quand j'avais 12 ans, puis ils se sont remis ensemble. Et puis ils se sont reséparés plusieurs fois. Et ils ont fini par divorcer quand j'avais 19 ans. Et donc je ne sais pas trop dans quel équilibre je me projetais. Franchement, je ne suis pas sûre que j'avais une projection.
[00:03:45] Solène: En tout cas, tu avais deux parents qui travaillaient, un des deux qui arrivait à quand même être 13 ans et l'autre un peu moins, comme
[00:03:52] Anaïs: c'est
[00:03:54] Solène: souvent le cas dans les couples hétéros classiques.
[00:03:58] Anaïs: Et
[00:03:59] Solène: du coup, toi, tu t'es [00:04:00] orientée vers quoi pour la vie professionnelle ? Tu peux nous raconter un peu ton début de carrière avant l'entreprenariat
[00:04:08] Anaïs: C'est marrant parce que je disais toujours à mon père, moi, je ne ferai jamais comme toi, je ne travaillerai jamais autant que toi, tu vois. Et puis finalement, j'ai choisi d'être entrepreneur et ça fait une dizaine d'années que je suis bientôt à mon compte et j'ai beaucoup travaillé. Donc franchement, je ne ferai pas comme toi.
[00:04:26] Anaïs: Souvent, il nous rattrape un peu. Donc si un jour ma fille me disait ça, je lui dirais, mais fais-toi moi aussi ! Sinon ma vie professionnelle avant d'être entrepreneur a été assez courte puisque j'ai fait 3 jobs en 3 ans dans 3 entreprises différentes j'ai démissionné, je suis partie 3 fois et après je me suis mis à mon compte donc voilà j'ai commencé dans les ressources humaines j'avais la chance de faire partie de ces gens qui ont une vocation un truc qui les anime un truc c'était les gens j'avais envie comme je disais quand j'étais au lycée d'allumer la petite flamme de contribuer à ce que les [00:05:00] gens puissent faire ce qu'ils avaient envie de faire dans leur vie sans limite, sans croyance limitante même si je connaissais pas ces mots là à l'époque et ça m'a menée vers la grande famille des ressources humaines dans la formation et finalement dans cette entreprise que j'avais tout fait pour rejoindre je suis restée moins d'un an et j'ai fait 3 jobs en 3 ans pour finir dans quelque chose qui n'avait plus grand chose à voir puisque j'étais dans l'entrepreneuriat social sur un poste plutôt de business développement dont j'ai également démissionné
[00:05:29] Solène: Ok.
[00:05:29] Solène: Et du coup, qu'est-ce qui t'a amené à te lancer dans l'entreprenariat à l'époque ?
[00:05:34] Anaïs: Un peu ces trois expériences successives qui ont été des illusions sur le monde du travail. J'ai été dans des entreprises qui, parfois, avaient tout simplement une culture qui ne me convenait pas, une culture où ton manager, c'était le meilleur commercial de la boîte, donc normal, il devient ton chef.
[00:05:52] Anaïs: Et en fait, c'est quelqu'un qui préférait nettement son premier métier au second, et ça se sent, et ce n'est pas un très bon manager, et il n'est pas [00:06:00] très enthousiasmant. Et une entreprise où on met, de toute façon, en termes de culture, le contrôle au-dessus de la confiance. Et voilà, ça ne me convenait pas, donc je suis partie.
[00:06:09] Anaïs: Et à ce moment-là, je me suis dit, franchement, le travail, si c'est ça, ça ne vaut pas le coup d'y passer autant de temps et d'énergie. Je suis allée au Mexique, où j'ai pris un travail honnêtement plutôt alimentaire, en me disant, la vigne, c'est le soleil, le surf, la photo, voilà, c'est kiffer, quoi, quelque part.
[00:06:29] Anaïs: Et mon travail est un moyen. Là, j'étais vraiment dans le, tu vois, je ne ferai pas comme toi, là, j'étais à fond. Voilà, le travail, ce n'est pas très important, c'est le reste qui compte. Et finalement, au bout d'un an, je me suis quand même un peu ennuyée, tu vois, ce n'était pas satisfaisant, cette vie-là. Et je suis rentrée en France, j'ai rejoint une entreprise sociale dans le secteur de l'accès à l'énergie dans les pays en développement.
[00:06:49] Anaïs: Et je me suis dit, c'est là que j'ai trouvé du sens. Et finalement, c'est là que j'ai trouvé le pire des pratiques managériales de ma courte vie [00:07:00] professionnelle. C'est allé assez loin, pour faire court. J'ai fini par faire une crise d'eczéma terrible, tellement j'avais de stress au travail, de désalignement, quelque part, entre mes valeurs et ce qui se passait.
[00:07:11] Anaïs: Et voilà, un beau jour, je ne peux plus marcher. Et je dis... Je n'y suis rien de mieux. C'est pas pour moi, ça va pas, il faut arrêter tant qu'il est encore temps. Et finalement, ça a été la chance de ma vie parce que je m'étais pas mal éloignée de mon sujet de cœur que j'appelais allumer la petite flamme.
[00:07:26] Anaïs: Et je m'y suis relancée en freelance d'abord, puis ensuite en créant ma société suite à ces trois expériences.
[00:07:32] Solène: Et à l'époque, du coup, en quoi consistait ton activité ? Donc, tu vivais d'abord en freelance, puis en société, ça s'appelait déjà So Many Ways.
[00:07:40] Anaïs: Alors en freelance, non. Ça s'appelait auto-entreprise.
[00:07:44] Anaïs: Et en fait, je me suis lancée parce que tout simplement, je commençais à passer des entretiens d'embauche. Et à chaque fois que je passais un entretien, on me posait des questions sur mes expériences. J'étais extrêmement fragile. [00:08:00] La voix qui tremble. Enfin voilà, j'avais été à ce moment-là assez abîmée.
[00:08:04] Anaïs: Mais quand je vois le recul, je me dis, mais moi non plus, je ne m'embaucherais pas aujourd'hui en tant qu'employeur. Si je m'avais face à moi, je me dirais, la pauvre fille, elle a besoin de se reposer. Elle est trop fragile. Et c'est comme ça que je me suis lancée en fait en freelance. Parce que je ne me voyais pas revenir à ce moment-là dans le salariat.
[00:08:21] Anaïs: Je ne trouvais pas, alors je n'ai pas cherché 1000 ans non plus, mais je sentais que ça ne marchait pas. Et j'ai démissionné, donc je n'avais pas de chômage, donc il fallait quand même que je me retrouve une activité rapidement. Et voilà, j'ai commencé, je me suis dit qu'est-ce que je peux faire ? J'ai travaillé dans l'ERH, dans l'innovation pédagogique et dans l'innovation sociale.
[00:08:40] Anaïs: Je vais essayer de trouver des missions comme ça. Et au début, j'ai vécu très chichement, mais j'ai trouvé des premiers trucs. Une chose en entraînant une autre, ça m'a menée à So Many Ways derrière.
[00:08:51] Solène: Et en quoi consistait So Many Ways avant ta grossesse ? Du coup, on va passer un petit peu en accéléré de ce que tu me disais, tu as eu 10 ans [00:09:00] d'entrepreneuriat derrière toi.
[00:09:01] Solène: Mais pour qu'on comprenne aussi quel stade de développement en était ton activité avant que tu deviennes maman. Voilà, ça ressemblait à quoi ton entreprise ? Avant
[00:09:11] Anaïs: que je devienne maman, j'avais mon entreprise depuis 5 ans, So Many Ways. J'avais... 16-17 employés notre mission c'est de redonner du sens au travail et pour ça on accompagne les entreprises à la fois à donner les clés aux individus aux collaborateurs pour qu'ils puissent construire le parcours qui leur convient qu'ils puissent aligner leur job avec leurs besoins et à la fois à donner les clés aux managers pour opérer cette nécessaire transformation donc on était 16-17 stade de développement intermédiaire j'ai envie de dire t'as posé quand même des bases t'as des marques t'as des clients t'as de la récurrence mais tu restes tu restes fragile et beaucoup de choses dépendent encore de toi en tant que fondateur du
[00:09:56] Solène: coup les 16-17 personnes pour qu'elles comprennent aussi [00:10:00] justement toi quelles étaient tes fonctions et sur quoi t'avais déjà délégué ou qu'est-ce qui restait sur tes épaules à toi uniquement à quoi consistent les différentes équipes Alors déjà moi dans la boîte j'ai toujours
[00:10:13] Anaïs: eu un aspect très contenu, produit, puisque ce qu'on vend quelque part c'est une méthodologie, c'est un savoir-faire que j'ai construit, développé au fur et à mesure des années avec l'équipe qui m'a rejoint mais voilà j'ai toujours été la source quelque part de ça.
[00:10:28] Anaïs: J'ai fait du business, évidemment, il faut te lancer, il faut vendre, mais j'ai plutôt construit le business à la base sur des rencontres, sur une passion, sur une énergie dans laquelle tu arrivais à embarquer des gens. Et donc, une petite année avant que je tombe enceinte, j'ai recruté une directrice commerciale, Clio, qui ensuite est devenue mon associée, qui a vraiment construit toute la stratégie de communication, de marketing et de vente.
[00:10:52] Anaïs: Donc, j'avais sécurisé quelque part cet aspect-là, qui est quand même aussi le nerf de la guerre.
[00:10:56] Solène: Surtout quand tu as 17 personnes à payer chaque matin, [00:11:00] c'est que du coup, c'est important. Plus l'équipe grandit, plus la pression aussi de... De maintenir un certain chiffre d'affaires est important. Donc, effectivement, oui, c'est...
[00:11:12] Solène: C'est
[00:11:12] Anaïs: clair. Donc, ça ne nous a pas empêchés d'avoir des fricars pendant ma grossesse. J'ai mal, mais j'avais quand même quelqu'un qui pilotait le business. Aux opérations, j'ai deux personnes clés aussi. Julie, qui gère les livrets de nos clients, qui maîtrisait bien le sujet. Julie, elle était avec moi depuis deux grosses années au moment de ma grossesse.
[00:11:34] Anaïs: Donc, voilà, elle maîtrisait son sujet. Norman, qui est, comme on le dit souvent, notre homme à tout automatiser, qui est un pilier, il est avec moi depuis le démarrage. Et j'avais recruté, ça, ça a été vraiment pas simple. Ça a toujours été l'équipe où j'ai eu des difficultés à l'équipe produit. J'avais recruté Paul, parce qu'on a une partie pédagogie, on a une partie tech, on a une plateforme.
[00:11:55] Anaïs: Il me manquait vraiment une compétence clé et j'ai recruté Paul quand je l'ai recruté je ne savais pas que j'étais [00:12:00] enceinte et quand il est arrivé je savais que j'étais enceinte et à la base il avait 12 mois pour prendre la fonction head of comme on dit donc vraiment piloter l'équipe et du coup il n'en a eu que 6 parce que je suis Alex et ça marche j'avais ces 4 personnes clés et après j'ai aussi des personnes historiques dans ma boîte qui ont des fonctions d'expertise fortes je pense à Lorraine ou à Laura qui étaient des piliers de l'entreprise et que
[00:12:24] Solène: tu fais intervenir chez les clients pour dénigrer la solution
[00:12:28] Anaïs: Ouais, Lorraine intervient beaucoup chez les clients.
[00:12:31] Anaïs: Laura est plutôt en back-office, comme on dit, donc elle va travailler le contenu digital, etc. Mais voilà, elle connaissait bien la maison et j'avais réussi à constituer une bonne équipe cœur à ce moment-là.
[00:12:42] Solène: Et quand le projet d'aider ou le désir de grossesse est né chez toi, comment est-ce que tu appréhendais la maternité en tant qu'entrepreneuse
[00:12:51] Solène: D'ailleurs, je dis projet et désir, mais je ne sais pas si c'était une surprise ou si c'était quelque chose que tu avais pensé et réfléchi en amour ?
[00:12:59] Anaïs: Tu vois, pour [00:13:00] le coup, je me suis toujours dit que je voulais des enfants. Je ne l'ai pas dit tout à l'heure, mais voilà, pour moi, c'était… Une évidence, il y a des femmes pour qui ça l'est pas, mais moi si en revanche mes choix professionnels faisaient que pendant longtemps ça me semblait difficile à caler je me disais non mais dans la vie que j'ai comment je peux mettre un bébé c'est impossible et voilà j'avais pas non plus envie d'en avoir trop tôt dans la vie, je trouve que la vingtaine, le début de trentaine je me suis bien éclatée non seulement dans ma vie pro mais aussi avec les potes, les amis, les voyages donc c'était pas le moment et ça m'a pété au cerveau vraiment c'est ça, tu vois, bim d'un coup début 2023 je sais pas, j'ai dit à mon mec de toute façon il n'y aura jamais de bon moment allons-y quoi en revanche je suis tombée enceinte tout de suite surtout je me suis dit ça peut prendre un peu de temps donc mettons nous y et puis voilà [00:14:00] ça sera pour mi-2024 le bébé quoi Ben non, tout de suite.
[00:14:05] Solène: Et donc, un bébé pas surprise, mais qui en tout cas est arrivé très très vite. Comment est-ce que tu as géré l'annonce de ta grossesse ? Je pense notamment à toutes ces équipes dont tu nous parlais à l'instant. Est-ce que tu as attendu les fameux... Trois mois traditionnels ou est-ce que tu en as parlé plus en amont ou au contraire est-ce que tu as attendu plus longtemps parce que je sais que c'est une question que se posent beaucoup les femmes en début de grossesse de comment je vais m'y prendre pour annoncer les choses de manière stratégique
[00:14:37] Anaïs: alors moi je l'ai dit Assez vite à Clio, en l'occurrence, qui est mon associée maintenant dans l'entreprise.
[00:14:43] Anaïs: Surtout pour la petite anecdote, donc elle, elle avait déjà un enfant. Quand elle a commencé à travailler avec moi, elle avait un bébé de 4 mois. Donc j'avais vécu sa vie de maman, de businesswoman, tu vois, avec un bébé. Ce qui était assez... Je regardais ça en me disant qu'un jour ça [00:15:00] m'arrivera et on verra comment...
[00:15:01] Anaïs: Enfin, je vais regarder comment elle gère. Et je trouvais ça assez intéressant de l'observer. Et on s'était dit... Un jour, elle me dit, « Bon, tu sais, Anaïs, peut-être que je voudrais un deuxième bébé. Je préfère te le dire maintenant. » Je lui dis, « Non, non, mais moi aussi, je voudrais un bébé. » Et on s'est dit, « Bon, allez, il faut qu'on essaie de faire les choses bien.
[00:15:17] Anaïs: Moi, puis toi, puis moi. » Chacun son tour. « Essayons de ne pas faire tout ça en même temps si on peut. Et puis si on ne peut pas, de toute façon, ce sera comme ce sera. » Et du coup, je lui annonce assez vite, je ne sais pas, peut-être à la première école. Tu continues ta pilule parce que moi, là, ça y est. Oui. Ça en plaisante, évidemment.
[00:15:43] Anaïs: Oui, elle me dit en février, tu sais, Anaïs, peut-être qu'un jour, je voudrais quand même un deuxième enfant. Donc, c'est bien si on s'en parle. Moi, je lui dis, c'est bien que tu m'en parles parce que moi, je vais me lancer là. Et je suis tombée enceinte tout de suite. Donc, tu vois, je lui ai dit assez vite. Je pense que j'ai attendu que la récord de datation.
[00:15:59] Anaïs: Et puis, je [00:16:00] lui ai dit, voilà, parce que ça va vite, neuf mois. Et puis, tu ne sais pas comment ta grossesse se passe. Donc, c'est assez rapide où il faut s'organiser. Je l'ai dit aussi à deux, trois personnes comme ça dans la boîte qui m'ont un peu capté le truc ou j'étais fatiguée. J'avais besoin un peu de relais.
[00:16:18] Anaïs: Donc, j'ai dit à deux, trois personnes avant les trois mois. Et sinon, écoute, pour la petite anecdote, toute mon équipe l'a appris. Pas par moi, figure-toi. D'accord. Mais parce que... Je vais faire une conférence, et j'étais un petit peu avant mes trois mois. Et le monsieur qui introduit la conférence, c'était une conférence dîner.
[00:16:37] Anaïs: Et il me demande si je veux boire un coup. Je ne pouvais pas manger ce qui était proposé au dîner. Et puis, il me dit, pourquoi ? Enfin, tu sais, ces trucs qu'on te pose parfois. Et je lui dis, non, arrêtez de me proposer à boire. En fait, je suis enceinte. Et ce monsieur, quand il m'introduit sur scène devant 200 personnes, il dit, je ne sais plus combien de temps, mais il est peut-être une future jeune [00:17:00] maman.
[00:17:00] Anaïs: Il y avait 200 personnes dans la salle qui ont appris comme ça qu'elle était enceinte. Alors que ce n'était pas une information publique, ça ne se voyait pas. Et dans la salle, j'ai quelqu'un qui parle de moi avec un de mes clients. Je ne sais pas comment ça se fait. Et au même moment, on lançait un gros événement dans la boîte.
[00:17:17] Anaïs: Et donc, il y avait pas mal de communications qui partaient depuis mon nom, mais depuis une adresse e-mail générique, genre communication. Et un client qui l'a reçu a répondu. « Oh Anaïs, j'ai appris que tu étais enceinte, félicitations pour cet heureux événement. » Sauf que cette boîte e-mail générique est vue par la moitié de ma boîte.
[00:17:37] Anaïs: Donc voilà comment les gens de ma boîte ont appris que j'étais enceinte.
[00:17:41] Solène: Wow, ben dis donc. En tout cas, si on a besoin de garder le secret pour des raisons, voilà, x puis y, il faut que ça s'épingle. Il ne s'est pas rendu compte de l'effet ricochet qu'il allait avoir en lançant cette petite phrase. Et ça va, ça n'a pas eu de répercussions négatives[00:18:00]
[00:18:00] Anaïs: Non, écoute, je l'ai pris à la rigolade. Je trouve que tu vois, même l'anecdote, elle est assez amusante à postériori. Et j'ai dit à mon équipe, à la réunion d'équipe du lundi qui a suivi, écoutez, une grande annonce à vous faire. Vous allez tomber de votre chaise ! J'ai même une personne de mon équipe, quand elle a vu cet email-là, qui m'a écrit, Elsa, qui me dit « Non mais Anaïs, c'est vrai ou pas
[00:18:23] Anaïs: Dis-moi que c'est vrai, elle était trop enthousiaste à l'idée que j'ai un bébé.
[00:18:27] Solène: Non mais c'est chouette que ça se soit bien passé, parce que je repense à l'épisode avec Olivia, qui est diffusée juste avant le tien. Je remettrai le lien pour celles qui veulent écouter en descriptif de l'épisode, mais elle, pareil, elle n'a pas pu l'annoncer à son équipe en bonne et due forme, parce que quelqu'un l'a deviné, et puis voilà.
[00:18:46] Solène: Et en fait, elle s'est rendue compte que, comme elle n'avait pas eu le temps d'elle-même juste réfléchir à qu'est-ce que ça voulait dire, comment les choses allaient pouvoir s'organiser sans elle, etc., pour les rassurer. En fait, il y a eu une espèce de bande de [00:19:00] panique dans son équipe et plusieurs personnes ont commencé à quitter le navire.
[00:19:04] Solène: Elle s'est retrouvée à se dire « Oh là là, mais en fait, je ne vais pas pouvoir continuer mon activité comme je le pensais pendant mon absence si la moitié des gens se barrent. » Donc, parfois, ça peut avoir des répercussions. Là, c'était dans le cadre de l'équipe, puis parfois, c'est les clients aussi parce que les salariés sont protégés.
[00:19:21] Solène: À partir du moment où tu dis que tu es enceinte, ton employeur n'a pas le droit de te virer. Et les clients ou les prospects, quand tu dis que tu es enceinte, ils peuvent très bien tourner des talons. Donc, c'est vrai que l'enjeu n'est pas le même quand on est entrepreneuse. Heureusement, aujourd'hui, la plupart des gens prennent le prêt ou bien, comme tu dis, ils t'en félicitent, ils sont heureux pour toi, etc.
[00:19:41] Solène: Mais parfois, ça peut aussi te faire paniquer et ça peut aussi… Créer des situations qui peuvent être délicates à gérer quand on a déjà le propre stress de « Oh là là, comment ça va se passer ? » Si autour de soi, tout le monde ne part en courant, ça peut être hyper déstabilisant. Voilà, le fait que c'est important [00:20:00] de ne pas « outer » les femmes enceintes ou les femmes en projet bébé parce que ça peut avoir des conséquences.
[00:20:06] Solène: Et comment s'est passé ton début de grossesse ? Tu nous parlais un petit peu de fatigue tout à l'heure. Est-ce que tu as eu des maux particuliers ? Est-ce que tu as dû aménager un petit peu ton travail ? Toi qui avais l'air, en tout cas à l'époque, de beaucoup travailler.
[00:20:20] Anaïs: Oui, beaucoup travailler, beaucoup me déplacer aussi.
[00:20:23] Anaïs: Quand je suis tombée enceinte, je me suis dit « Bon, j'espère qu'elle va bien se passer ma grossesse parce que sinon… » Au global, ma grossesse s'est très bien passée, mais j'ai eu plein de petits bobos. Même les grossesses où on se dit « ça s'est bien passé », en vrai, moi, je n'ai pas particulièrement aimé être enceinte.
[00:20:38] Anaïs: J'ai trouvé que c'était quand même une sacrée expérience. Au début, les deux premiers mois, j'étais extrêmement fatiguée. 20 heures, je piquais du nez, j'étais épuisée, j'étais un peu barbouillée. J'ai eu l'impression d'être malade pendant deux mois. Voilà, tout simplement, il ne faut qu'écouter. Pas une maladie grave, mais pendant [00:21:00] deux mois.
[00:21:00] Anaïs: C'est long, à quel moment de votre vie vous êtes malade pendant deux mois ? Pour tous les gens qui n'ont pas de maladie grave, tu vois. Et juin, j'étais en pleine forme. Mon troisième mois à peu près, là, j'étais plutôt en forme. C'était bien mi-juin, mi-juillet. Et après l'été, j'ai eu les sciatiques, le mal de dos qui est parti, l'impression de...
[00:21:19] Anaïs: J'étais qu'à quatre mois et demi, tu sais, mais de me dire mais ça va être tellement long si c'est comme ça. Et à partir de fin août, insomnie. Et ça avance. Ça, c'est dur. Réveiller deux nuits sur trois à quatre heures du mat.
[00:21:35] Solène: Oui, donc tu as eu quand même une grossesse relativement éprouvante quand tu dois bosser à côté et que du coup, c'est fatiguant.
[00:21:46] Anaïs: D'ailleurs, je me rappelle de Clio, justement, qui je travaillais, qui en septembre me dit « Anaïs, je trouve que tu n'es qu'à cinq mois et demi ou six mois et je ne te trouve pas en forme, tu vois. » Donc, attention. Je n'avais pas l'impression de ne pas être en forme [00:22:00] non plus, mais bon, j'ai quand même tiré sur la corde.
[00:22:02] Anaïs: J'ai eu des moments, ça a coïncidé avec des moments assez difficiles dans la vie de la boîte aussi. Même pour te le dire, à un moment, je me suis sentie piégée, tu vois. Vraiment, c'est ça qui… Mon état d'esprit, là, en octobre, j'étais… Et épuisée, je dormais pas, j'avais des sujets financiers importants, et je me sentais piégée, j'avais qu'une envie, c'était de lever le pied, et je pouvais pas.
[00:22:24] Anaïs: En fait, je pouvais pas, quoi, tout simplement, et je veux dire, j'étais bien soutenue, j'ai une bonne équipe, et quand je te dis que je pouvais pas, c'est qu'on m'a tourné le truc, quoi, je pouvais pas. Et c'était déjà.
[00:22:35] Solène: Et finalement, alors, comment est-ce que ça s'est résolu, ou comment t'as pu quand même avancer sur toi, c'est ça
[00:22:42] Solène: Est-ce que t'as pu dénouer ces nœuds-là avant ton départ en congé maternité ? On parlera tout à l'heure de ce que t'avais prévu, est-ce que c'est vraiment passé pendant ce fameux congé maternité ? Mais déjà, à cette époque-là, est-ce que les nœuds ont pu se [00:23:00] dénouer avant ton départ, ou pas ?
[00:23:01] Anaïs: J'ai bossé jusqu'à deux heures avant mon accouchement, comme beaucoup d'entrepreneurs.
[00:23:07] Anaïs: Mais en gros, qu'est-ce qui s'est passé ? On est en août, donc je suis à cinq mois de grossesse. On avait déjà le nerf de la guerre, c'est la trésor. Tout le monde le sait. J'ai une boîte qui se porte globalement bien, qui est en croissance, qui se développe. Mais la trésor, et surtout quand tu as des salaires.
[00:23:27] Anaïs: La courbe d'insomnie de l'entrepreneur est inversée comparée à la courbe de la trésorerie, tu sais ? Et en fait, on se retrouve dans une situation fin août extrêmement tendue. Mais comme jamais on a eu quelque chose d'aussi tendu par un concours de circonstances, en gros, l'été, on fait moins de business, forcément.
[00:23:49] Anaïs: On a des clients qui ne payent pas sur cet été-là, que ça traîne. Je n'avais jamais eu autant d'argent dehors. On n'arrivait pas à recouvrir nos créances rapidement. [00:24:00] Plus le fait qu'on signe moins, ça t'amène... J'ai toujours une temporalité septembre-octobre qui est un peu en creux de trésorerie, de BFR contextuelle.
[00:24:11] Anaïs: On a fait une erreur de données. On avait mis en place des nouveaux process. Je suis une obsédée de la trésor, je pilote ma boîte de manière très très resserrée. Une personne de mon équipe se plante dans de la donnée et ça me sort des mauvais indicateurs et je m'en rends compte. Et là, on était déjà orange, on passe en rouge, tu vois, mais rouge et écarlate.
[00:24:31] Anaïs: J'avais aussi des craintes au niveau de l'État, là, des crédits d'impôt Innovation Recherche qui sortaient, qui n'arrivaient pas. Extrêmement tendu, je me retrouve à me dire si j'ai pas une solution je peux pas payer mes salaires à la fin du mois et je remue ciel et terre je passe en mode machine de guerre d'action appeler 10 000 entrepreneurs tenter de jeter toutes mes cartes partout vraiment plan d'action je suis plutôt pas trop [00:25:00] mauvaise dans la crise j'ai créé ma boîte avec Covid 1, Covid 2, Covid 3 donc voilà je me mets en mode gestion de crise et je trouve une solution inespérée vraiment, je me rappelle c'est un de mes board members donc un Un conseil qui me dit « Anaïs, là tu es en train de chercher des solutions extrêmes, va demander à tes banques
[00:25:26] Anaïs: Et moi j'ai à l'époque un business qui est autofinancé, j'ai déjà eu des emprunts par mes banques, mais je me suis dit « écoute, on a déjà pris tout ce qu'il fallait en non-dilutif ». Pour la petite anecdote, je lève des fonds en parallèle aussi. Pour la première fois et à ce moment-là la levée de fonds n'avance pas sur ça et je m'attendais à ce que la levée de fonds arrive avant c'est tout ça qui me met dans cette difficulté financière et il me dit va demander à tes banques et je toque à la porte de mes deux banques et là surprise les deux me soutiennent j'ai ma banque historique Crédit Mutuel pour les cités Paris qui m'avance la créance de l'État alors [00:26:00] que j'avais déjà demandé l'année d'avant de l'aide et il m'avait dit non on ne fait pas ce type de financement donc pour ceux qui connaissent il m'avance le crédit d'impôt innovation et recherche sachant que moi je suis en exercice décalé aussi à l'époque donc j'avance deux ans de trésorerie sur mon crédit d'impôt innovation et recherche quand je te dis ma boîte structurellement va bien mais mon trésor c'est la merde c'est lié à tout ça donc là ça me donne un peu d'air mais pas ça ne sauve pas tout mais ça me donne de l'air et dans la foulée mon autre banquier donc à la Société Générale Idriss si tu m'écoutes Le banquier de la tech, du centre d'affaires tech, qui, pareil, crée une ligne de crédit, enfin, de découvertes autorisées pour m'aider à gérer ce bas de trésorerie.
[00:26:40] Anaïs: Et puis, en fait, ça solutionne quand même tout ça, me permet de repartir. Quand je pars en congé mat, la trésorerie est repartie au vert. Fragile, mais c'est reparti au vert. Et c'était mon truc. Je dis, en fait, j'ai besoin que cet indicateur soit au vert, sinon je ne vais pas pouvoir accueillir mon bébé sereinement.
[00:26:57] Anaïs: Et c'était mon angoisse. Je ne voulais pas être dans ce [00:27:00] stress-là avec mon bébé. Bien sûr. Et ça, heureusement, ça s'est résolu avant son arrivée.
[00:27:05] Solène: Merci de nous partager cette histoire parce que c'est vrai que ça fait partie des choses qui peuvent faire angoisser les entrepreneurs et c'est chouette que tu aies trouvé cette solution de retourner vers tes banques historiques.
[00:27:18] Solène: Donc voilà, ça peut être une astuce éventuellement pour celles qui nous écoutent. Si jamais vous vous retrouvez dans une situation un peu similaire, de pouvoir retoquer à des portes. Même si on a déjà demandé que ça avait pu être négatif, chaque année, ils revoient un peu leur quidelle et à certains moments, ça passe et à d'autres, non.
[00:27:36] Solène: Donc c'est important de toujours demander.
[00:27:39] Anaïs: Ouais, c'est clair. Moi, j'ai vraiment appris ça, de ne pas prendre pour acquis que la porte est fermée et de revenir, de redemander.
[00:27:45] Solène: Juste parce que c'est la thématique de notre interview. Est-ce que le fait que tu sois enceinte, ça a joué dans tes demandes? Est-ce que du coup, je ne sais pas, est-ce que ça a eu une influence?
[00:27:58] Solène: Est-ce que tu en parlais ou tu étais juste [00:28:00] en visio, on voyait ta tête et du coup, ça a rien changé au public ou quand même?
[00:28:05] Anaïs: Alors, le fait que je sois enceinte a été à la fois un atout et à la fois un problème. Ça, c'est assez intéressant de constater ça. Quand je vais voir ma banquière Crédit Mutuel, qui est une femme, et qu'elle me voit arriver avec un enfant de 6 mois, 7 mois, à l'époque, je viens vous redemander de l'aide.
[00:28:23] Anaïs: J'explique la situation de la boîte, et puis ils me connaissent depuis des années, on n'avait jamais été en situation tendue, on a toujours tout payé rubis sur l'ongle. Donc, elle, je crois qu'elle a plutôt de l'empathie pour moi. C'est une femme, je ne sais pas si elle a des enfants, mais en tout cas, elle a de l'empathie.
[00:28:39] Anaïs: Je pense qu'elle s'est bougée pour m'aider. Je te parlerai peut-être d'une autre après, quand j'ai eu mon bébé aussi, qui m'a aidée comme ça. Et à l'inverse, je t'ai dit, en parallèle, on levait des fonds. On faisait une petite levée de fonds, puisqu'on a un business qui est rentable sur notre activité historique de service, mais on a développé une technologie.
[00:28:57] Anaïs: Et ça, ça prend du cash, et on avait [00:29:00] besoin d'investissements. Le lever de l'argent, depuis fin 2022 jusqu'à date, jusqu'à ma grossesse, fin 2023, c'était vraiment le pire moment du monde pour lever de l'argent. Donc ça a été extrêmement long et compliqué. On m'a refusé des choses parce que j'étais enceinte.
[00:29:17] Anaïs: Il y a un moment où je vais pitié dans le sud de la France, dans un réseau de BA, et j'étais à huit mois de grossesse. Je prends même l'avion parce que je ne pouvais pas faire l'aller-retour en train. À ce moment-là, je prends l'avion, je descends en train, je remonte en avion, tout ça, pour 15 minutes de pitch, tu vois.
[00:29:34] Anaïs: Et ils n'ont pas appris mon dossier. La femme qui verrait ça, elle a dit « Écoute, je n'ai pas envie de me dire ça, mais je pense que le fait que tu étais à huit mois de grossesse… » Voilà. Mais j'en ai d'autres qui m'ont soutenue. Donc voilà, c'est ni tout blanc, ni tout noir, en fait.
[00:29:49] Solène: Ouais, il faut trouver les bonnes personnes.
[00:29:52] Solène: Pareil, je renvoie à un autre des épisodes du podcast pour celles qui s'intéressent à la levée de fonds. Il y a le témoignage avec Audrey. Je [00:30:00] mettrai le lien en description de notre épisode. Il racontait qu'effectivement, encore aujourd'hui, les investisseurs, la plupart, c'est des hommes qu'on a cinquantaine, qui font partie d'une génération où ils ne se sont pas beaucoup occupés de leurs enfants pour ce qu'on avait, ou qui, du coup, ont parfois une image gaisée des capacités de travail des femmes.
[00:30:21] Solène: Quand elles ont des enfants et pour celles qui ont envie de pouvoir continuer à bosser, ils ne se rendent pas forcément compte que oui, c'est possible. Et du coup, ils peuvent être réfractaires ou en tout cas avoir des a priori, des idées reçues parce qu'il y a un gap générationnel avec la plupart des interlocuteurs encore aujourd'hui quand on aime des gens.
[00:30:45] Anaïs: Et tu vois, d'ailleurs, peut-être deux autres anecdotes. J'ai une femme investisseuse, Chantal Baudron, ceux qui la connaissent, je vais la voir. Pareil, je suis enceinte de huit mois. Je suis en congé mat officiellement, donc je pense que je suis même enceinte de huit mois et une [00:31:00] semaine. Et elle, au contraire, je pense qu'elle m'a aussi...
[00:31:03] Anaïs: Je ne vais pas dire qu'elle m'a soutenue pour ça, je ne vais pas parler à sa place. Et elle m'a dit, de toute façon, moi, entre tous mes enfants, je faisais des rendez-vous entre deux tétés. Ne vous inquiétez pas, ça se gère. Même elle m'avait posé la question, est-ce que vous allez la laiter ? Et j'ai dit bah ouais j'aimerais bien j'aimerais bien quoi je vais essayer et c'est là où elle m'a répondu pas de soucis vous verrez vous trouverez des solutions j'ai bien aimé ça et à l'inverse j'ai une autre et c'était une femme pourtant aussi donc tu vois une femme mais dans un réseau où il y avait majoritairement des hommes qui me disaient donc comment vous allez faire avec le bébé et j'ai dit bah c'est déjà ce bébé aussi un père et puis j'ai une équipe et puis il y en a des milliers avant moi de femmes entrepreneurs des millions qui l'ont fait donc il n'y a pas de raison que ça marche pas
[00:31:50] Solène: Exactement.
[00:31:51] Solène: Bon, merci aussi pour tes partages à ce sujet. Je pense que ça aidera les auditrices qui sont dans cette [00:32:00] même position, parce que c'est important d'entendre d'autres retours d'expérience pour se projeter et se dire que, OK, oui, il peut y avoir certains interlocuteurs qui, mais il faut trouver les bonnes personnes, en fait.
[00:32:12] Solène: Et puis, je trouve que du coup, quand tu es aligné sur les... Parce que c'est aussi une question de valeur. Et donc, quand tu trouves les bonnes personnes dans un moment comme ça, ça veut dire que, quelque part, c'est encore plus qualitatif la relation que tu vas pouvoir développer sur le long terme et que...
[00:32:28] Solène: C'est presque un super test en fait à Red Flag
[00:32:32] Anaïs: exactement et tu vois quand on se fait jeter là de ce réseau de BA tout de suite c'était assez lunaire les feedbacks qu'ils nous ont fait tu vois c'était ouais vous avez une boîte super bien super annoncée mais vu que vous avez fait le 0 à 1 on sait pas si vous arriverez à faire le 1 à 10 enfin tu sais des trucs tu te dis mais il vous faut quoi en fait les gars et Clio me dit je sors de là un peu dépité épuisé forcément et elle me dit non mais tu sais quoi Anaïs c'est bien exactement ce [00:33:00] que tu dis c'est bien parce qu'en fait faudrait pas qu'on ait ces gens là à notre capitale donc tant mieux et on va trouver les gens qui nous correspondent vraiment
[00:33:07] Solène: Exactement.
[00:33:08] Solène: Et qu'est-ce que tu avais mis en place et décidé par rapport à ton projet maternité ? Donc, tu disais que tu avais prévu de t'arrêter à peu près vers les 8 mois de grossesse. Donc, comment ça s'était décidé en amont ? Puis, tu nous diras après comment ça s'est passé pour de vrai, parce que c'était justement un des partages que tu as fait à ce sujet qui m'a donné envie de t'interviewer.
[00:33:34] Solène: En théorie, qu'est-ce que tu avais prévu ? Et en pratique ?
[00:33:39] Anaïs: En théorie, j'avais réfléchi et je me déplace beaucoup parce que je fais beaucoup de conférences. Je vais aux quatre coins de la France, parfois à l'étranger, et puis une conférence, t'es debout, c'est pas forcément très pratique. Il fallait vraiment que ma grossesse se passe bien.
[00:33:59] Anaïs: Mais je m'étais [00:34:00] dit, à sept mois de grossesse, je partais une semaine en vacances, fin octobre, mon bébé était prévu le 19 décembre.
[00:34:07] Solène: Ça donne le sens. Voilà, petite anecdote. Super terme, magnifique, on adore.
[00:34:15] Anaïs: Elle est née avant. Donc, j'ai prévu 19 décembre, je pars en vacances pour les vacances de la Toussaint, me reposer un petit peu.
[00:34:25] Anaïs: Je bosse honnêtement 2-3 heures par jour pendant ces vacances-là, pouvoir essayer de boucler un max de choses. Mais bon, si je reprends les choses dans l'ordre, j'avais prévu début octobre, enfin 15 octobre, j'arrête les déplacements. Je continue à travailler, mais je ne me déplace plus, je ne fais plus de choses en dehors de Paris.
[00:34:45] Anaïs: J'avais prévu que pour le 5-6 octobre, donc un mois et demi, 6 semaines avant mon terme, là, je n'allais plus chez les clients, et j'avais prévu de m'arrêter 4 semaines avant mon terme, complètement, pour préparer [00:35:00] l'arrivée du bébé. Qu'est-ce qui s'est passé dans la réalité ? Fin octobre, pendant mes vacances, j'ai encore tellement de sujets, tellement, tellement de trucs.
[00:35:07] Anaïs: On est en levée de fond, j'ai plein de choses qui ne sont pas carrées. Les clients, enfin tout, j'ai encore plein de casquettes dans la boîte. Je bosse pendant mes vacances, deux, trois heures par jour. Je rentre, on avait décalé, j'allais quand même bien. Ma fin de grossesse, c'est finalement ce qui a été le mieux.
[00:35:29] Anaïs: Tu vois, mes six dernières semaines de grossesse, j'étais plutôt vraiment en forme comparé à ce que j'ai eu avant. Et du coup, je fais des conférences jusqu'à la base planifiées jusqu'au 7, non jusqu'au 10, je crois que c'est le 10 novembre. Donc 12 novembre, non ouais, un mois avant. J'avais encore des interventions prévues un gros mois avant.
[00:35:51] Anaïs: Mais je suis en forme. Ça se passe bien. Et ce qui se passe aussi, c'est que, évidemment, sinon, ce n'est pas drôle. On dit, ce qui empêche les entrepreneurs de [00:36:00] dormir, c'est people ou cash. Donc, cash, j'en ai parlé. Ça m'a bien, bien... J'ai bouclé une première partie de ma levée de fonds pendant que j'étais à la maternité.
[00:36:11] Anaïs: Et donc, j'ai aussi un problème de people. Sinon, ce n'est pas rigolo. Donc, je me retrouve à devoir gérer quasiment dix ans d'indépendance. Et six ans d'entreprenariat, ma première procédure de licenciement. Dans un contexte compliqué, ça traînait depuis un moment, on essaie de sortir sur une situation, de faire le constat qu'on n'est plus d'accord et que ce qu'on ne peut pas apporter, ce dont il a besoin et que donc il faut probablement s'orienter vers préparer la suite.
[00:36:45] Anaïs: Et ça ne passe pas et ça part en sucette, comme on dit. Donc, je dois gérer ça. Et c'était notamment une personne qui devait prendre un certain nombre de sujets qui me concernaient [00:37:00] et notamment un déplacement pour une intervention chez un client. Et donc, à J-3 semaines de mon terme, je me retrouve à aller à Chambord faire une conférence devant un codire d'une boîte vraiment énorme.
[00:37:15] Anaïs: Et on les a appelés pour leur expliquer. On leur a dit « Écoutez, la personne qui doit venir ne pouvait pas venir, mais on tient à honorer notre… » Notre engagement donc je vais venir mais sachez-le je suis enceinte de 8 mois et une semaine et voilà je me suis fait ça
[00:37:31] Solène: ouais et en même temps enfin pour rebondir sur ce que tu nous partageais tout à l'heure comme t'avais été dans une situation où le cash était voilà tendu où t'as été genre rouge voilà les trucs d'annulation de dernière minute bah quelque part là tu pouvais pas forcément te le permettre non plus de dire bah désolé les gars merci beaucoup pour votre commande mais on décommande bah non tu peux pas donc du coup tu te retrouves effectivement à devoir prendre voilà cet imprévu là sur tes épaules à toi parce que l'autre [00:38:00] alternative d'annuler ou de redécaler elle est pas elle est pas jouable quand t'es dans des situations tendues ouais t'as
[00:38:06] Anaïs: tout compris quand je t'ai dit je me suis sentie piégée c'est ça c'était même avant en octobre un jour si elle m'écoute elles s'en rappelleront j'étais en train de former des formatrices là j'avais que des femmes Chez nous, donc on a un réseau d'indépendants au-delà de mes salariés, on a un réseau d'indépendants qui travaillent avec nous et donc j'intervenais dans leur formation ce jour-là et en fait à mi-journée, je leur dis écoutez les filles, je suis désolée mais on va revoir le programme là, je vais vous laisser faire un co-développement entre vous cet après-midi parce que je suis épuisée j'ai trouvé un rendez-vous chez un thérapeute énergétique là, j'avais plein de mamans qui comprenaient ce que je vivais mais je peux me permettre avec vous, je peux pas me permettre avec mes clients parce que justement on est short en cash et donc je vais le prendre maintenant et j'ai pris ce moment-là et j'ai tenu avec des choses comme ça, mais quand cette personne ce salarié nous plante [00:39:00] quelque part Dans ce moment-là, bah ouais, je dois y aller, quoi.
[00:39:02] Anaïs: Je dois y aller et j'aurais adoré ne pas y aller, en fait. Mais si je prends pas cette prestance, c'est les salaires des autres que je peux pas payer, en fait, tu vois. Et ça, c'est la vraie vie d'entrepreneur. C'est extrêmement difficile parce que, en plus, quand tu prends la décision que j'ai prise de se séparer de ces personnes-là, alors je suis pas là.
[00:39:18] Anaïs: Et tu sais que tes décisions sont jamais bonnes. Si tu prends la bonne décision, on te dit que c'est normal. Si tu prends une décision difficile, on te dit que t'es méchant. Si tu la prends pas, cette décision difficile, on te le reproche parce que t'as pas le courage de prendre des décisions. Enfin, tu vois, tes salariés, genre, on veut pas, c'est la vie.
[00:39:38] Anaïs: Mais c'est comme ça. Et donc, tu vois, ils t'en veulent. Ça passe, mais il y a toujours un peu ce truc-là. Et toi, t'es là, tu te dis, mais les gars, je suis enceinte de plus de huit mois. En fait, je vais la faire, cette prestance, pour payer vos salaires. S'il vous plaît, soutenez-moi, en fait. Parce que, dans le fond, vous êtes d'accord, pour la plupart d'entre vous, vous le savez, vous allez remonter les signaux faibles, là.
[00:39:57] Anaïs: Et voilà. Ouais, carrément. Et [00:40:00] voilà, et donc je travaille, ça c'était à J-3 semaines de mon terme, et après ça, déjà une semaine avant ça, j'étais en full télétravail, je n'allais plus au bureau. Je souffle quand je rentre de ce déplacement je me vois, je me dis mais putain jusqu'au bout quoi je suis épuisée, je rentre à 21h30 de ce truc à la chambre et je commence à avoir des contractions je dis à mon bébé, tu vois je lui parle alors ce serait bien que t'attendes encore un petit peu parce que j'ai encore quelques petits sujets à gérer tu vois mais là je bouge plus, je reste chez moi et c'était
[00:40:35] Solène: des contractions douloureuses ou c'était des contractions comme certaines femmes pendant la grossesse quand t'es un peu fatiguée moi j'ai eu ça, mes deux grossesses ça passe au 3-4ème mois, j'avais des contractions dès que je tirais un tout petit peu sur la corde Non, c'était plutôt celle-ci.
[00:40:51] Solène: J'en
[00:40:51] Anaïs: avais eu... C'était plus signe de fatigue, quoi. J'en avais eu un peu avant aussi, mais pas tant que ça, tu vois. Et là, ce soir-là, [00:41:00] elles étaient assez fortes. Et j'ai dit, c'est bon, je ne bouge plus, promis. Et là, je me suis mis... Voilà, j'étais à la maison, j'étais off. Moi, je m'étais aussi dit, j'arrête de parler aux équipes, quelque part, pendant six semaines avant mon terme.
[00:41:15] Anaïs: Je ne garde qu'un point avec Clio, mon associé, une fois par semaine. Et c'est elle qui filtre quelque part et qui fait le relais des équipes. Évidemment, ça ne se passe pas comme ça parce qu'on n'a pas tout bouclé. Je garde notamment quelques points opérationnels avec Paul, qui prend la direction du produit à ce moment-là, avec six mois d'avance.
[00:41:39] Anaïs: Donc, si tu veux, ce n'était pas encore tout à fait sur les rails-là. Je gère aussi des choses avec lui, j'ai des clients, des choses, j'ai ma levée de fonds, j'ai ma procédure de licenciement, j'ai tout ça, tout ça, tout ça, mais ça va, je suis à la maison, je suis à mon rythme. Et quand t'es [00:42:00] habituée à avoir une vie à 100 à l'heure, je bossais, je sais pas, 30-35 heures par semaine, tu vois, mais j'avais l'impression de faire un mi-temps comparé à ma vie habituelle, et sachant que trois semaines avant le terme, on n'avait rien, on n'avait pas un biberon, pas un ligne, de toute façon, on n'a pas de chambre pour le bébé, donc rien du tout, tu vois.
[00:42:20] Solène: Et est-ce que t'as quand même pu, justement, avoir ce petit moment de nidation, comme on dit, avant l'accouchement ? Est-ce que t'as pu être un peu... Juste dans ta bulle, et justement, préparer cette arrivée du bébé, parce que par contre, c'est aussi des hormones... Il y a des femmes, je sais que ça devient presque animal de faire le nid qui se met à nettoyer frénétiquement chez elle et tout complètement
[00:42:45] Anaïs: j'ai eu vraiment ça et comme j'étais à la maison, même si je bossais j'étais à mon rythme beaucoup et j'ai fait ça trois semaines avant mon terme on avait tout récupéré de la famille [00:43:00] installer, laver des petits pyjamas dans des étagères j'ai fait ça et pareil à ce moment là je parlais toujours à mon bébé je te dis je suis restée chez moi mais c'est faux, tu vois comme quoi le 6 décembre, donc terme le 19 j'avais des pitchs devant des réseaux d'investisseurs je suis allée en présentiel même l'investisseuse que je te dis c'était ce moment là, donc oui je me déplace encore un peu et vous y allez à deux
[00:43:27] Solène: avec ton associé
[00:43:29] Anaïs: Non, pas non, non, non. Alors déjà, Clio, c'est une associée. Moi, je suis la fondatrice. Donc, elle, aujourd'hui, est associée. C'est vraiment une personne clé de ma boîte. Mais c'est moi qui suis responsable de la levée de fonds, en gros. Et puis, j'ai besoin aussi qu'elle gère le business. Tu vois, si on est toutes les deux chez les investisseurs, ça ne marche pas.
[00:43:46] Anaïs: Donc, elle venait avec moi sur des rendez-vous clés à la fin, des pitchs finaux, etc. Mais pas toujours. Et en l'occurrence, là, sur celui que je fais, elle est là, mais à distance parce qu'elle habite à Bordeaux en plus. Donc, [00:44:00] elle est dans la salle en distanciel, mais moi, j'y vais en présentiel. Et tu vois même j'hésite je lui dis tu sais vu que tu vas être en distanciel et que tous les autres sont en distanciel peut-être que je pourrais m'épargner de ça et finalement je suis en forme et je dis allez j'y vais je prends un taxi j'y vais donc
[00:44:14] Solène: t'avais l'option de repli d'être éventuellement toi aussi en distanciel si jamais tu sentais que c'était trop ok ça c'est aussi peut-être un bon un bon tip savoir pour nos auditrices de se dire ok si on a besoin de travailler plus longtemps que voilà l'arrêt de travail qui est censé être proposé de se garder les options en fait pour pas être c'est
[00:44:39] Anaïs: clair que pour toutes celles qui peuvent le télétravail ça change tout moi j'ai travaillé jusqu'au bout mais parce que j'étais en télétravail globalement quoi Donc, tu vois, je faisais une sieste si j'avais besoin.
[00:44:49] Anaïs: Je m'arrêtais à aller acheter des stocks de couches et des trucs. Mais l'une heure, je vais acheter des stocks, mais infinis de trucs. [00:45:00] Et du coup, tout était prêt. Et finalement, tu vois, en plus, elle est arrivée. Je lui parlais, je lui disais, allez, attends un peu, j'ai ce pitch avec cet investisseur, j'ai ce truc-là.
[00:45:13] Anaïs: Tu peux arriver à partir du 8, c'est bon. Et le 9, le samedi, je vais à l'aquabike. Donc voilà, mon sport, c'est l'aquabike. Et ce qui est bien, c'est que tu peux le faire toute ta grossesse. Et ça me faisait beaucoup de bien. T'es dans l'eau et tout. Et le matin, là, je vais à l'aquabike et je sors de l'aquabike.
[00:45:33] Anaïs: On plaisante avec mon prof préféré qui me dit, c'est quand ton terme ? Là, t'es enceinte de combien ? Et je lui dis, bah, J-15, quoi. Et là, je fais, oh là là, putain, tu pourrais accoucher. Enfin, J-10, quoi, même. Tu pourrais accoucher là. Et on en plaisante dans le cours et je sors et je sens qu'elle est basse, quoi.
[00:45:50] Anaïs: Enfin, je savais pas que c'était une fille. Je sens que le bébé est bas, quoi. Et je fais, oh là là. À mon avis, là, ça va [00:46:00] pas tarder. Et du coup, je rentre chez moi, je dis à mon mec, elle est basse. Et je prends mon ordinateur et je shoot mes dernières consignes. Je pars à mettre mon message d'absence pour le lundi.
[00:46:10] Anaïs: Et j'écris à tout mon doc de passation à Clio. Il y avait ce sujet de difficulté RH à gérer. Je lui passe mes consignes en mémo vocal. Je lui dis, je suis pas sûre que je serai là lundi, franchement. Sinon, faut que tu gères. Et voilà, le soir, j'étais à la maternité.
[00:46:27] Solène: Et comment s'est passé, on va passer très rapidement, c'est pas le sujet de notre podcast, mais comment s'est passé ton accouchement et ton début de postpartum
[00:46:39] Anaïs: Ouais, globalement très bien, j'ai eu de la chance sur ça, c'était très doux comme arrivée, j'en garde vraiment un très très beau souvenir. Pareil, le lendemain de mon accouchement, j'ai un ou deux coups de fil avec Clio pour ces sujets hyper chauds qu'on avait sur la boîte. Le [00:47:00] jour où je rentre de la maternité, je dois relire mon pacte d'actionnaire pour cette levée de fonds qui devait être faite avant le 31 décembre.
[00:47:06] Anaïs: Celle qui, comme moi, déteste le juridique, imaginez lire 50 pages d'un contrat alors que vous avez un bébé de trois jours. C'était horrible. Et après, mon post-partum s'est très bien passé. J'ai fait trois grosses semaines de break à l'année le 10 décembre. Donc, j'avais la chance que ça coïncide avec les fêtes.
[00:47:28] Anaïs: Trois, quatre semaines vraiment... Tu étais énerve du
[00:47:32] Solène: coup, ouais.
[00:47:33] Anaïs: Ouais. Quasiment rien fait, à part, je te dis, un ou deux coups de fil comme ça, mais... Et le deuxième mois, on a eu la chance avec mon mec de partir pendant cinq semaines dans le sud de la France chez mon père, donc d'être au soleil dans une baraque où on avait plusieurs chambres, alors que dans notre petit appart parisien, ce n'était pas le cas.
[00:47:54] Anaïs: Lui qui est indépendant aussi, il a pu s'arrêter. Et on a [00:48:00] énormément profité. On ne s'est pas arrêté 100%, tu vois. L'avantage qu'on soit indépendant, c'est qu'on bossait peut-être deux heures par jour. À partir du deuxième mois, je bossais deux heures par jour en moyenne. Et lui aussi. Mais du coup, on pouvait se relayer.
[00:48:13] Anaïs: C'était... Je n'ai pas le sentiment d'être passée à côté de mon congé mat, même si j'ai vite quand même repris les choses. Ce n'était pas à temps plein et c'était dans un cadre et avec un soutien qui en a fait un moment hyper chouette.
[00:48:28] Solène: Et c'est super que ton conjoint ait pu avoir cette flexibilité-là aussi parce que ça aide vachement à mieux gérer les choses quand on ne se retrouve pas toute seule à gérer le bébé toute la journée avec la tête à moitié lente en disant « Ah, il faudrait vraiment que je réponde à cette email
[00:48:45] Solène: C'est clair. C'est un énorme relais pour celles qui ont la chance de pouvoir organiser ça avec leur conjoint. Je pense que c'est le rêve de toutes les jeunes mamans, de pouvoir être pas seules.
[00:48:57] Anaïs: C'est sûr que moi, je me suis dit, tu vois, [00:49:00] on fait la première semaine et elle naît le dimanche. Donc, on fait la première semaine, maternité, retourne à la maison.
[00:49:07] Anaïs: Et le lundi qui suit, quand même, il retourne au boulot. C'était la semaine avant Noël et il n'avait pas bouclé ce qu'il devait boucler. Donc, il retourne au boulot, pas à plein temps, mais quand même. Et là, je vis quand même quelques jours difficiles. Tu vois, j'ai mon bébé d'une semaine, je suis épuisée. Les femmes qui accouchent savent ça.
[00:49:25] Anaïs: Et là, ça a été mon moment difficile de post-partum. Je ne te dis pas que je n'ai pas eu des petits moments un peu creux, mais là, ça a été hyper dur et j'en voulais, quoi. Alors que bon... Et heureusement, enfin moi je me suis dit combien de fois la chance que j'ai qu'ils puissent être là parce que c'est tellement, déjà c'est tellement précieux ces moments-là et de pouvoir les vivre à trois, waouh
[00:49:48] Anaïs: Et en même temps, c'est tellement difficile, tu as besoin de soutien, quoi. Donc, on te le dit, mais créer son système de soutien en amont, c'est tellement important. Si ça ne peut pas être votre conjoint, comment [00:50:00] on trouve quelqu'un pour nous aider, quoi.
[00:50:02] Solène: Et est-ce qu'il y a d'autres choses dans votre organisation de couple, justement, voilà, d'un point de vue soit pratique ou, je ne sais pas, financier
[00:50:11] Solène: Enfin, voilà, comment est-ce que vous avez trouvé votre nouvel équilibre, là, à trois ?
[00:50:16] Anaïs: Alors, déjà, moi, je l'ai arrêté, ça s'est très bien passé, on a eu cette chance-là, mais on n'a pas écouté les conseils, on a tout de suite donné un bip la nuit. Donc, je tirais mon lait et la nuit, il en faisait un tout de suite.
[00:50:33] Anaïs: Et ça, ça me permettait quand même déjà de dormir genre quatre heures d'affilée au début. Tu disais, quatre heures ! Et en plus de créer un moment avec lui. Donc, cette organisation-là, elle a bien fonctionné pour nous. Je sais que chaque bébé est différent. Moi, ça n'a pas mis en péril mon allaitement. Même on l'a mis en mix assez vite.
[00:50:51] Anaïs: Parfois, quand je n'arrivais pas à tirer mon lait, j'étais trop fatiguée, on faisait un bib de lait en poudre et on a eu la chance d'avoir un pédiatre qui nous a vachement décomplexé [00:51:00] là-dessus en nous disant que... En plus, comme j'avais eu un peu de temps avant de pouvoir la nourrir, d'avoir la montée de lait à la maternité et elle ne grossissait pas, il lui avait donné un peu de...
[00:51:10] Anaïs: De pipettes de lait, même un biberon de lait, donc un pédiatre m'a dit, tu sais il t'entend tout et n'importe quoi, mais il m'a dit c'est plutôt bien si elle a déjà eu du lait de vache enfin du lait artificiel à la maternité de maintenir un peu, ça évite les allergies quand ils en ont eu, donc garder un petit peu tout le temps donc nous on s'est décomplexé, on a fait ça et ça ça m'a beaucoup aidé et après bah Quelque part, lui, ça coïncidait avec la fin d'une grosse mission.
[00:51:39] Anaïs: Il est un indépendant, mais il avait un gros, gros client depuis trois ans qui lui prenait beaucoup de temps. Et janvier, c'était la fin de la mission. Donc, il a pris son congé PATH en janvier. On avait de l'argent de côté. De toute façon...
[00:51:52] Solène: Madame Trezeau avait de l'argent de côté. Je pense que tu aimes même le côté perso.
[00:51:59] Anaïs: [00:52:00] Oui, tout à fait. Et moi, je suis assimilée salariée. Je suis présidente de SAS. Donc, tu as quand même le droit au congé PATH légal. Juste, je n'ai pas... Il est plafonné. Quand tu es salarié, ta boîte te le complète. Quand tu es entrepreneur, même si tu es sur ce statut-là et que tu as le droit aux indemnités de la Sécu, vu la situation de la trésorerie de la boîte, j'ai choisi de ne pas me compléter à ce moment-là.
[00:52:26] Anaïs: Au contraire, je... Je me suis même, bon c'est mal si la sécu m'écoute, mais j'ai même déclaré mon congé pathologique en amont pour pouvoir être soutenue afin que mon salaire soit pris en charge par la sécu et que ça pèse un peu moins sur ma boîte pendant les 4 mois, c'est quoi, c'est 16 semaines en tout
[00:52:46] Solène: Pour un premier enfant, c'est 16 semaines au maximum, 8 minimum, 16 max. Donc
[00:52:51] Anaïs: j'ai fait 16 plus 2 de congés pathologiques, je crois que c'est ça que tu peux aller chercher. Donc voilà, ça m'a permis d'alléger ma boîte financièrement sur ça [00:53:00] et en revanche, je n'ai pas compensé mon salaire. Donc ça veut dire que sur mon niveau de revenu habituel, j'avais moins de revenu, mais on avait un peu d'argent de côté pour tenir cette période-là.
[00:53:14] Solène: Ok, donc lui il a pu prendre son congé paternité, toi tu avais un congé maternité mais qui était un peu en deçà de ton salaire habitué et vous avez compensé avec vos économies.
[00:53:26] Anaïs: Ouais après sur cette période-là, il y a aussi des trucs c'est que tu sors plus, t'as moins de frais, t'as d'autres frais mais la vie parisienne où tu sors plus, bon là écoute l'un dans l'autre, t'as un bon prétexte pour pas faire de cadeau de Noël parce qu'on n'a pas eu le temps, quelque part on n'a pas eu le besoin d'aller chercher dans nos économies non plus.
[00:53:52] Solène: Et finalement comment s'est passée ta reprise effective ? Tu me dis que t'avais quand même repris les choses en [00:54:00] travaillant quelques heures par-ci par-là, en passant le relais avec ton conjoint, donc t'avais toi à la base pris tes X semaines avec en plus du congé paternité en avance. Donc j'imagine que dans ton message d'absence, il y avait une date prévue ou en tout cas une date officielle de reprise officieusement ou dans la réalité, comment se sont passées les choses pour ta reprise d'activité
[00:54:29] Anaïs: Je ne sais plus si j'avais mis une date, c'est une bonne question, mais je ne crois pas. Je ne crois pas que j'avais mis de date, justement, tu vois. J'ai posé mon message d'absence le jour de la naissance de ma fille. À la base, donc, j'étais fait ce qui était prévu avant, et c'est la réalité. Et ce que j'avais prévu après, c'était de reprendre, enfin, d'être off, off, off, off, sans parler à personne jusqu'à fin janvier, et d'avoir un mois février un peu buffer, tu vois, où tu peux revenir [00:55:00] sur des sujets un peu...
[00:55:00] Anaïs: Reprise progressive, parfait. Voilà. Et de revenir vraiment en mars, donc à ces deux mois et demi. Finalement, je n'ai pas du tout pris mon mois de janvier complètement off. Ma levée de fonds n'était pas tout à fait finie. On l'a fait en deux tranches. Donc, on a clôturé une partie en décembre, mais il y avait une autre partie.
[00:55:16] Anaïs: Et donc, ça, c'est intransmissible. Il faut quand même être clair quand tu es entrepreneur fondateur, tu as la levée de fonds, il n'y a personne d'autre que toi qui peut la gérer. J'ai gardé deux, trois sujets clients assez stratégiques, pareil, où je n'avais pas les compétences en interne, tu vois, j'avais bien structuré plein de choses, mais pas sur ça, c'était des clients où on montait des projets un peu complexes, d'innovation, donc je les ai gardés, donc c'était quelques rendez-vous à distance, quoi, tout ça, et puis...
[00:55:49] Anaïs: En février, j'ai commencé à revenir un peu plus parce que déjà, Clio avait beaucoup tenu la baraque en mon absence. Du [00:56:00] coup, elle commençait à fatiguer. Le démarrage d'année en business n'était pas très bon. Ça a été assez contextuel dans beaucoup de secteurs. Tous mes amis entrepreneurs ont un peu eu ça.
[00:56:09] Anaïs: Début 2024, une année qui traîne un peu. Donc, ça crée à nouveau la tension financière. Et donc, je suis revenue aussi plutôt plus fort. Même si je suis revenue officiellement au boulot qu'en mars, comme prévu. En février, à partir du 7-8 février, je bossais une vingtaine d'heures par semaine quand même.
[00:56:29] Anaïs: 20-30 heures par semaine, tu vois. Pendant les siestes du bébé, de temps en temps, ma belle-mère venait garder ma fille, mon mec, une demi-journée. On s'organisait comme ça.
[00:56:40] Solène: Et finalement, comment est-ce que vous vous êtes organisée au niveau de la garde pour ta reprise plein pot? Est-ce que tu as pu trouver une place en crèche ou est-ce que vous avez choisi un niveau?
[00:56:57] Anaïs: Alors bébé de décembre égale place en crèche [00:57:00] à Paris. Je crois dans beaucoup de villes aussi, tu rêves. Déjà place en crèche tout court à Paris dur, mais alors bébé de décembre, tu n'auras pas de place en crèche. Et on n'avait pas de solution de garde parce qu'ayant bossé, tu sais, tu dis j'aurai la solution de garde pendant mon congé, mon mois avant, mais n'ayant pas eu de mois avant, on n'avait pas de solution de garde.
[00:57:18] Anaïs: Et ça commençait un petit peu en janvier à me préoccuper quand même. Et on était dans le sud de la France, mais on est resté. On est remonté deux jours. On a rencontré quatre assistantes maternelles. On a eu un coup de cœur. On a signé en 24 heures avec elle. Et voilà, le 26 février, à deux mois et demi, elle est allée chez la nounou pour sa semaine d'adaptation.
[00:57:39] Anaïs: Et ça s'est extrêmement bien passé on a la chance aussi d'avoir une fille facile qui va faire plein de bébés donc ça aide dans toute cette période que j'ai pu vivre comme ça je sais que toutes les femmes j'ai un bébé, c'est un bébé il ne dort pas beaucoup mais elle ne pleure pas beaucoup, elle est plutôt facile et du coup elle est allée chez [00:58:00] la SMAT à deux mois et demi vraiment ça s'est extrêmement bien passé c'était aussi je sais qu'on ne dit pas toujours ça mais pour moi c'était le bon moment je commençais à la fin j'étais gros revenue de la tête dans le boulot et je commençais la dernière semaine où je la gardais à faire trop tout mal et ça ne m'allait pas de faire deux choses en même temps tu sais tu mets ton bébé à côté et puis tu la berces du pied pendant que tu fais un call je me suis dit il est temps d'avoir du temps avec elle qui soit du temps de qualité c'est
[00:58:32] Solène: vrai qu'en plus à deux mois et demi il commence quand même à bien s'éveiller à avoir des...
[00:58:37] Solène: Des temps entre les temps de sommeil où ils commencent à être plus actifs, à attraper l'écarpement, à pouvoir... C'est trop mignon.
[00:58:49] Solène: Parce que c'est vrai, quand on n'a pas eu d'enfant, puis même quand on en a eu un, on dit, vachement, là, j'ai vu moi avec ma deuxième, j'ai tout redécouvert, en fait. Mais parce que ça va être Les [00:59:00] phases de développement des bébés, les trois, les six premiers mois, ils changent de phase tous les quatre matins.
[00:59:05] Solène: Donc, en fait, tu oublies, quoi. Mais c'est vrai que, voilà, quand ils sont tout petits, à la limite, tu peux, tu sais, tu les mets sur ton ventre et toi, tu pianotes sur ton téléphone ou ton ordi ou même pour allaiter pendant le décolle, par exemple. Tu peux le faire jusqu'à deux, trois mois parce qu'ils s'endorment à moitié au sein.
[00:59:24] Solène: Mais moi, typiquement, avec ma deuxième fille, c'est l'allaitement à quatre mois. Elle tire sur le fil des écouteurs, elle veut tout le temps regarder l'écran. Enfin, c'était plus possible. Alors que deux semaines auparavant, ça se passait très... Plus ils avancent en âge, en fait, plus ça se complexifie.
[00:59:41] Solène: C'est
[00:59:41] Anaïs: ça. Et puis, l'allaitement, là, visio, où ton mec te passe son bébé par en dessous pour que tu le prennes au sein alors que tu parles à des investisseurs ou à des clients, ça, c'est assez rigolo, ouais.
[00:59:54] Solène: Et voilà, et ça c'est possible les premières semaines, les premiers mois, mais il arrive en stade, après [01:00:00] ça dépend évidemment des bébés, il y en a qui sont plus poules que d'autres, comme tu le disais très bien.
[01:00:04] Solène: Je comprends effectivement que t'es, en tout cas voilà, que t'es sentie à un moment que ça devenait chaud de faire les deux, parce que parfois on voit passer des photos sur les réseaux sociaux, on se dit, ah bah ouais, tu vois, je pourrais reprendre, m'occuper de mon bébé. Oui, oui, on verra.
[01:00:20] Anaïs: Franchement, franchement, c'est dur.
[01:00:24] Anaïs: Moi, si j'avais pas eu de relais de mon mec ou de ma belle-mère, faut pas rêver, quoi. Puis t'es tellement fatiguée si t'as pas de relais que... C'est
[01:00:33] Solène: ça, ouais. Déjà, juste s'occuper du bébé, c'est tellement, tellement éprouvant que c'est autre chose. En plus, en parallèle, personnellement, je trouve que c'est vraiment se mettre des bâtons dans les roues, surtout en fait sur la maternité et sur l'entreprenariat.
[01:00:49] Solène: Donc effectivement, si on peut s'organiser autrement, c'est quand même idéal.
[01:00:52] Anaïs: On n'est pas des super-women.
[01:00:55] Solène: Ouais, carrément. Et pour finir du coup notre interview, j'ai deux [01:01:00] dernières petites... trois dernières petites questions. Avec le recul, est-ce que tu changerais quelque chose ou est-ce que... enfin voilà, si tu pouvais revenir en arrière, est-ce que...
[01:01:11] Solène: Ah bah avec des si, hein.
[01:01:14] Anaïs: Avec des si, j'aurais agi avant l'été pour regarder cette donnée qui nous a mis dans le jeu en septembre et pouvoir prendre des mesures préventives avant, mais bon, je l'avais pas vue avec des si. J'aurais géré avant aussi cette situation RH complexe parce que les signaux étaient là depuis un moment.
[01:01:30] Anaïs: Parce que c'est... quand je te dis, j'aurais honnêtement préféré m'épargner ce mois de septembre-octobre qui ont été extrêmement difficiles et qui m'ont mis dans cet état où je me sens piégée. Oui. Par se dire que si j'avais su, si j'avais vu, j'aurais pris d'autres décisions. Mais voilà, sur le moment, on n'a pas les clés.
[01:01:49] Anaïs: Donc, c'est trop facile à dire. Je ne les avais pas. Et finalement, tout est bien qui finit bien. Aujourd'hui, la boîte est restabilisée financièrement. On a réussi [01:02:00] notre levée de fonds. Mon bébé va bien. Je réinsiste, c'est important. On n'est pas des superwomen quand on arrive à gérer le boulot et le bébé en même temps, c'est qu'on a des soutiens.
[01:02:12] Anaïs: Et finalement, je trouve que ce qu'on a pu vivre à trois, même si c'était moins long qu'un long plongée maternité toute seule, c'est tellement précieux que je n'ai aucun regret. J'étais contente aussi de revenir au travail. Et aujourd'hui, je... Je travaille moins, en fait, maintenant. Donc, c'est un autre équilibre.
[01:02:35] Anaïs: Et l'équilibre est déséquilibre, en réalité. Et moi, cet équilibre-là, pour moi, il me convient. Il me rend heureuse. Donc, pas de regrets, malgré les difficultés.
[01:02:45] Solène: Et est-ce que tu dirais que la maternité a changé ou apporté quelque chose à ta vie d'entrepreneuse ?
[01:02:52] Anaïs: Oui. Je crois qu'on est beaucoup à dire ça, mais le recul, déjà.
[01:02:57] Anaïs: Déjà, je peux te dire, quand j'étais dans ces [01:03:00] situations si complexes, que ce soit quand elle était dans mon ventre ou après, quand elle était née, et même encore aujourd'hui, je me dis... La seule chose qui compte vraiment, c'est ça, c'est elle dont on rentre. Moi, je me rappelle lui parler dans des moments où j'ai eu un peu de stress, lui dire écoute bébé, je suis désolée si je te bouscule un petit peu là, c'est un petit moment où maman elle stresse, mais rien de grave, c'est toi qui es le plus important de toute façon et quoi qu'il arrive, on trouvera des solutions, c'est juste une émotion qu'on vit.
[01:03:35] Anaïs: Et ça, ça te permet quand même de relativiser, de prendre les choses avec un peu plus de recul, de respiration, et j'ai gardé ça aujourd'hui, je mets un certain nombre de problèmes un peu plus à distance. Je suis toujours touchée par les sujets RH chez moi. C'est mon talon d'Achille. Comme beaucoup d'entrepreneurs, en réalité, quand les choses se passent mal de ce point de vue-là, c'est des [01:04:00] décisions extrêmement difficiles.
[01:04:02] Anaïs: Mais ça m'a aussi permis de prendre du recul sur ça, de me dire que ce qui compte, c'est de penser un peu plus à moi. Et à moi pour faire des choix qui me correspondent. Parce que si j'ai dû me mettre autant dans le rouge pendant ma grossesse, c'est que je n'ai pas pris des décisions parfois à temps pour sécuriser l'entreprise en favorisant d'autres...
[01:04:28] Anaïs: Et en fait, dans ça, parfois, c'est toi qui trinques. Et aujourd'hui, je ne suis plus prête à sacrifier sur mon propre salaire pour payer ceux des autres aussi. On dit toujours, charité bien ordonnée commence par soi-même. Et je pense que ça m'a amené ça. Et de travailler moins. Moi, tu vois, je travaille moins parce que je n'ai pas envie de cumuler.
[01:04:52] Anaïs: Il y en a qui font ce choix-là, de cumuler des solutions de garde pour continuer à maintenir un rythme effréné. Moi, non, on l'amène, on va la [01:05:00] chercher chez l'âme. Nous, on s'arrange à deux. Je ne fais pas les entrées et les sorties tous les jours. Mais voilà, j'ai envie d'être là. J'ai envie de l'avoir à grandir.
[01:05:08] Anaïs: Je l'amène à ses rendez-vous pédiatres sur mes jours de travail. Voilà, donc je travaille moins et donc je gagne, comme on dit, en efficacité. Je n'ai pas l'impression d'être moins efficace. C'est intéressant, c'est un bon apprentissage.
[01:05:23] Solène: Ça ne ralentit pas pour autant ta boîte, finalement, le fait que toi, tu t'autorises à bosser un peu moins
[01:05:29] Anaïs: Non, oui, et puis tu vois, ce que ça a amené à ma boîte aussi, tout ça, c'est d'avoir structuré. Sur un autre podcast où j'étais interviewée, ce n'était pas le sujet de la maternité, mais on est quand même passé par là. Et elle me disait, « Non, non, non, non, non. » Oumounia, si tu nous écoutes, que finalement, quand tu as une grossesse, à un stade parfois de construction de ta boîte, ça t'a force à la structurer et à gagner du temps, en fait.
[01:05:51] Anaïs: Tu n'aurais pas fait ça si tu n'avais pas été enceinte. Et voilà, moi, j'ai des gens aujourd'hui qui sont bien en place dans leur poste et plein de choses qui gèrent sans moi et [01:06:00] c'est formidable.
[01:06:01] Solène: Oui, carrément. Moi, je trouve que c'est exactement ça qui... En tout cas, je trouve que c'est un super message à passer aux entrepreneuses qui ont peur du ralentissement.
[01:06:13] Solène: Voilà, de se dire qu'au contraire, ça peut aussi être le catalyseur d'une évolution de passer, de faire passer son activité à un niveau de développement supérieur, notamment dans la structuration, dans la façon dont on gère son temps, puis aussi dans l'autonomie de nos équipes et des personnes avec qui on travaille qui n'ont pas le choix que de pouvoir se prendre en main.
[01:06:39] Solène: Et parfois, ça révèle... Voilà, ça peut révéler des failles qu'il va falloir combler, puis ça peut aussi révéler des pépites. C'est ça qui est chouette, quoi.
[01:06:47] Anaïs: Est-ce
[01:06:47] Solène: que, pour finir, tu aurais un conseil, justement, à donner à celles qui nous écoutent, qui sont en projet BD ou en début de course, et qui appréhendent cette aventure de la maternité en tant [01:07:00] qu'entrepreneuse
[01:07:00] Anaïs: Je crois qu'il faut se faire confiance les femmes font ça depuis la nuit des temps nous sommes extrêmement puissantes je trouve que on sait tout en fait on sait déjà tout, suivons notre instinct suivons notre intuition faisons-nous confiance n'écoutez pas trop trop de conseils et ne prenez pas trop les choses au pied de la lettre connectez-vous à votre instinct et à votre bébé et ensemble on trouve comment faire et le travail s'immisce là-dedans et voilà ça se gère c'est plus facile que ce que j'avais appréhendé pour moi
[01:07:40] Solène: bon ben ça fait un super mot de
[01:07:42] Anaïs: la fin
[01:07:43] Solène: merci beaucoup Anaïs pour tout ce que tu nous as partagé
[01:07:47] Anaïs: merci à toi
[01:07:49] Solène: Un grand merci à Anaïs pour son partage qui montre la complexité de la prise d'un congé maternité digne de ce nom en tant qu'entrepreneuse et ce même à un stade de développement [01:08:00] relativement avancé.
[01:08:01] Solène: C'est d'ailleurs pour pallier à ces difficultés que j'ai créé la préparation business à la grossesse. C'est le premier accompagnement au monde, d'après mes recherches en tout cas, dédié aux enjeux entrepreneuriaux avant, pendant et après la grossesse. Si vous avez un projet bébé ou que vous êtes enceinte, je suis là pour vous y accompagner.
[01:08:20] Solène: Le lien pour en savoir plus se trouve dans la description de l'épisode. Dans l'épisode de la semaine prochaine, enfin pas tout à fait, Grossesse d'entrepreneuse prend ses quartiers d'été, je m'octroie une pause dans la diffusion des épisodes. Vous retrouverez donc le prochain épisode le mercredi 4 septembre 2024, et pas des moindres.
[01:08:41] Solène: Je reçois à mon micro Insaf El-Hassini, autrice du livre « Autrines citoyennes » et hôte du podcast « Ma juste valeur ». Elle racontera ses deux maternités avec deux congés très différents, le premier où elle n'a pas arrêté de travailler, et un deuxième où elle s'est arrêtée six [01:09:00] mois. Elle racontera en toute transparence les conséquences de ses deux choix diamétralement opposés, notamment financièrement, et l'envers du décor risque de vous surprendre.
[01:09:11] Solène: Je ne vous en dis pas plus, et je vous retrouve à la rentrée, et d'ici là, très bel été à tous. Grossesses d'Entrepreneuses est produite par Creators for Good à l'initiative de Solène Pignet. Montage, Amélie Dedryver. Charte graphique, Christelle Bourgeois. Graphiste, Dorothée Cadiot. Musique, Attila Djan. Ab Saqqariya.
[01:09:33] Solène: À mercredi prochain.